Les affaires louches du clan Picasso
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Après l’affaire des Picasso soi-disant volés, voici celle de la même œuvre vendue deux fois. Sur le marché de l’art, les héritiers du peintre espagnol ont une réputation délétère. A la lumière de ces histoires, cette mauvaise renommée ne paraît pas surfaite.
Pablo Picasso a laissé derrière lui une foultitude de dessins, peintures, céramiques, sculptures, linogravures, à tel point qu’il est impossible de connaître précisément le nombre d’œuvres et le montant de la valeur de ce patrimoine. D’autant que le nombre de ses héritiers est impressionnant : ses multiples femmes, compagnes, muses, leurs enfants, petits-enfants, plus tous ceux à qui il a offert des dessins griffonnés sur un coin de table de restaurant. En 2015, il s’est vendu sur le marché de l’art, huit Picasso par jour, pour un montant dépassant les 650 millions de dollars[i] ! La cote de l’artiste grimpe exponentiellement et dépasse aujourd’hui celle du très prisé Andy Warhol. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le clan des héritiers du peintre (déjà épinglés dans le monde de l’art comme des personnes de peu de confiance et aux pratiques douteuses) perdent la boule.
Catherine Hutin-Blay et les Picasso volés
En mai 2015, Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline, dernière compagne du peintre, portait plainte auprès du tribunal de grande instance de Paris. Elle venait subitement de découvrir que deux tableaux de sa collection privée « tête de femme » et « l’Espagnole à l’éventail » avaient été vendus à l’oligarque Dmitry Rybololvev, sans, disait-elle, avoir cédé ces œuvres. Elle accusait Yves Bouvier, le marchand d’art qui avait vendu les tableaux au Président de l’AS Monaco, de les avoir volés. Yves Bouvier démontrait au juge, preuves à l’appui, qu’une transaction dans les normes avait bien eu lieu et qu’il avait payé ses deux portraits à un trust établi au Liechtenstein. Catherine Hutin-Blay ne voulait rien entendre… Compte tenu de la position d’Yves Bouvier, gestionnaire de Port francs à Genève et Singapour, un homme reconnu dans le marché de l’art, l’affaire fit grand bruit dans le landerneau. Cette histoire a perduré des mois durant. Dmitry Rybolovlev, grand seigneur, rendit devant la presse les deux tableaux à l’héritière, allant même jusqu’à affirmer qu’il ne pouvait être complice d’une telle malversation. Yves Bouvier était cloué au pilori.
En décembre 2015 néanmoins, la justice du Liechtenstein classait la procédure au motif que… Catherine Hutin-Blay était bien la bénéficiaire du trust qui avait reçu les fonds d’Yves Bouvier ! L’héritière a-t-elle donc sciemment menti à la justice pour justifier la disparition de ses œuvres et, par conséquent, échapper au fisc? Comment pouvait-elle imaginer que le pot-au-rose ne serait jamais découvert?
Maya Widmaier-Picasso gagne le jackpot en perdant la tête
Dans la même veine, en janvier 2015, une autre affaire tout aussi rocambolesque et délétère explose au grand jour. Maya Widmaier-Picasso, fille du peintre, a vendu deux fois à deux personnes et à deux prix différents la même sculpture « Buste de femme ». En novembre 2014, elle a signé une promesse de vente à l’intermédiaire de la famille royale qatarie pour 42 millions de dollars. En mai 2015, faisant fi de sa promesse, elle cède à nouveau cette sculpture au galeriste Larry Gagosian. Mais cette fois, elle en demande 105,8 millions de dollars. Certes, la cote de Picasso a beaucoup progressé ces derniers temps, mais à ce point… !
Une nouvelle fois, l’affaire est portée devant les tribunaux. Larry Gagosian a déposé une plainte contre cette héritière. Pour sa défense, l’octogénaire se justifie en déclarant qu’elle a « eu une défaillance momentanée mais que depuis elle a retrouvé la mémoire.[i] » Chez les Picasso lorsque l’on fait une transaction qui s’avère moins juteuse que celle que l’on aurait pu faire, on se déclare Alzheimer ! Une maladie à 63 millions de dollars…
